Un village sans hyper, demain un village sans webmarchands

Voici la reprise d’un article découvert un peu par hasard sur une petite ville d’Auvergne qui refuse l’implantation des hypers marchés. Peut-être aura-t-on dans quelques années, un village, un bourg qui refuserait le webcommerce. En tout cas, je trouve l’article plutôt drôle et la motivation de la Mairie plutôt sincère.

Le Canard Enchaîné 13 février 2013 – Jean-Luc Porquet
imagesCAL8LFBCIls ont insisté, et lourdement. Fait valoir tous les arguments. On va créer des postes. Une ville sans hypermarchés, c’est pas attrayant. Refuser la grande distribution, c’est aller contre le progrès, or on arrête pas le progrès. mais comme il tenait bon, un beau jour, Michel Charasse, alors maire de Puy-Guillaume, en Auvergne, vit débouler dans son bureau trois messieurs qui tenaient à tout prix à lui arracher une autorisation pour leur hyper : « A court d’arguments, l’un deux a sorti une enveloppe kraft de sa serviette et l’a déposée sur le bureau : « Sans se gêner, raconte Charasse, il me dit que j’en aurai bien l’utilisation. » J’ai ouvert l’enveloppe. Elle contenait 500 000 francs (76 200 euros) en billets. J’ai regardé mes trois gus : « Ou il s’agit d’une tentative de corruption d’un officier judiciaire en exercice, et, dans ce  cas, j’appelle le garde-champêtre et il notifie le flagrant délit; ou c’est un don pour le bureau d’aide sociale de Puy-Guillaume et, dans ce cas, je vous fais un reçu. » Ils ont bafouillé, complètement estomaqués ; « Euh, oui,… C’est un don. » J’ai signé le reçu et je les ai remerciés d’avoir donné une telle somme à mon bureau d’aide sociale. »
1005111_wolinskiAujourd’hui, la petite ville de Puy-Guillaume, 2 700 habitants, n’a toujours pas d’hyper et s’en félicite. Comme le raconte Gilles Fumey dans « Libération » (9/2), elle constitue une véritable exception française avec pas moins de 28 commerces directement impliqués dans l’habillement et l’alimentation, dont 14 bars et restaurants, 3 boulangeries, 1 commerce de bouche tous azimuts (fruits et légumes, buffet de fromages, traiteur), 2 producteurs bio, une ferme piscicole… Alors que la grande majorité des villes ont vu leur centre dépérir, vampirisé par de florissantes grandes surfaces en périphérie, Puy-Guillaume a encore allure humaine. Et on y mange bien ! « Les supermarchés, c’est le bas de gamme alimentaire, dit Charasse. Toujours cher pour ce que c’est. Comment imaginer en Auvergne de commercialiser des fromages sous cellophane ? Pour moi, habituer les gens à manger de la cochonnerie, cela ne leur donne pas le moral. » Et il n’avait pas encore entendu parler des lasagnes signé Findus…
Son exemple nous le confirme : si les élus de tous bords ont laissé saccager leur ville, si les partis politiques ont baissé pudiquement les yeux, c’est que, question enveloppes et dessous-de-table, les grandes enseignes n’ont pas lésiné.
Et ce n’est pas fini, comme le note ‘Le Figaro’ (8/1), : « La France est le pays qui ouvre le plus de centres commerciaux en Europe Occidentale : 715000 m2 d’ici à fin 2013 ! ». Du pur délire. Plus que l’Allemagne et le Royaume-Uni réunis. A Marseille, par exemple, 4 centres commerciaux doivent sortir de terre d’ici à 2016, alors qu’il existe déjà 4 autres.
Tous ces projets, nous explique-t-on, sont un rien déphasés : ils ont été conçus voilà dix ans, avant la crise, et avant l’engouement massif pour l’achat par Internet. Ils risquent fort le plantage. De beaux centres commerciaux, tous neufs, plein de magasins vides. Aussi vides que les centre-villes fantômes… ça aura de la gueule, non ??
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