Je suis à la veille des entretiens avant les licenciements et j’angoisse un peu. 11 jours se sont écoulés entre ma décision et ces entretiens. J’ai eu le temps de cogiter.
J’ai fait le deuil de l’activité et je sais désormais que l’issue est certaine, néanmoins il me reste quelques grandes angoisses, des vertiges. Que faire des 400 m² de stock alors que nous allons devoir quitter les lieux ? Comment annoncer aux clients alors que nous aimerions continuer une partie de l’activité ? Comment ne pas affoler tous les fournisseurs ? Quel timing adopter pour tout ceci ? et le fisc et l’Urssaf même en ce mois de mai je pense qu’ils répondront rapidement à l’absence de mes paiements.
Je n’en sais rien et la faillite est un moment de grande solitude. J’ai essayé de contacter l’association SOS entrepreneurs, mais ils viennent de commencer et n’ont pas encore de relais en Bretagne. J’ai pas trouvé d’équivalents, je n’ai pas vraiment cherché non plus.
En tout cas, plus que de l’angoisse je suis débordé de renoncement, chaque geste que je fais m’ennuie. Je crois que les salariés victimes de ces syndromes sont en burn-out, fort heureusement pour moi, si l’intensité des moments est bien plus forte, je sais qu’elle a un terme et que grosso modo au 15 juillet je serai libre.
Libre de rembourser la dette, libre de travailler en double mais libre de la contrainte, de ce pieux qui me traverse le corps à chaque instant.
Quant à demain, j’aimerais leur dire (aux salariés) que leurs petites mesquineries, leurs petites mentalités les a desservis et que s’ils ne changent pas cela ne pourra que continuer à les desservir. A quoi bon leur dire, cela serait perçu comme une aigreur ou une vengeance de ma part alors qu’il n’en est rien. Même si j’ai 100 000 euros sur les bras à rembourser, je me sens soulagé.