Quand les crédits des narcos discréditent l’économie

Mes proches au Costa-Rica distribuent des article de surfwear et de streetwear. Ce petit pays paisible, au milieu d’une Amérique latine qui l’est moins, a vu ce marché se développer grâce à ses nombreuses plages et à ses nombreux vacanciers étrangers. Il a vu de nouveaux acteurs économiques arriver, parfois au comportement économique pour le moins étrange.

Que penseriez-vous si je vous disais qu’une entreprise ouvre points de vente après points de vente, parfois à quelques dizaines de mètres ? Vous me répondriez que cette entreprise est appuyée par un fonds d’investissement ou un capital-risquer bien alimenté. Si je rajoute à cela que le marché est déjà mature, que les marges fondent et que les acteurs sont nombreux parfois en concurrence directe avec les marques elles-mêmes qui distribuent ; vous vous diriez que le fond d’investissement a du courage, ou une autre stratégie, ou encore vraiment beaucoup d’argent.

S’il avait beaucoup d’argent, pourquoi ne pas racheter le leader de la distribution préexistant, ne serait-ce que pour gagner du temps ?

Si je rajoute enfin que cet acteur n’a ni produit innovant, ni exclusivité, ni prix bas; vous vous diriez alors que c’est un fou et que vous n’y comprenez rien. Vous avez parfaitement raison, cette entreprise a tout simplement un comportement économique illogique. Ce genre d’entreprise s’appelle une lessiveuse et dans une région gangrénée par le trafic de drogue, ce genre de lessiveuse peut prendre des proportions industriellement gigantesques.

Le plus triste dans tout ceci c’est ce que j’appellerai le degré 3 du trafic de drogue. Quand beaucoup se droguent cela pose des problèmes de santé publique, c’est le degré 1. Quand beaucoup vivent à court terme d’un argent rapidement gagné, de manière somptuaire tout autant illicite qu’illégale, cela pose des problèmes fiscaux, c’est le degré 2. Quand enfin beaucoup d’autres recyclent ces fonds dans l’économie réelle quitte à parfois la destabiliser cela pose des problèmes de coexistences économiques, c’est le degré 3.

Une banque et tout investisseur sensé et légal, quand bien même il le voudrait, ne pourrait jamais investir des sommes aussi importantes. Une fois encore l’aléa moral disparaît.

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