Quand les choses dégénèrent (Ma faillite épisode 6)

Difficile de travailler sereinement à quelques jours de quitter son poste malheureusement la politesse et la bien séance se sont pas les biens les mieux répartis.

Bonjour Xx,

Je viens vers toi, parce que hier en début d’après midi, je suis passé au boulot.
J’ai pu avoir une discussion avec Rémi, Bertrand et Sabrina.

Pour en venir au faite, j’ai demandé à Rémi et Bertrand de n’effectuer aucun remboursement sans mon aval, ou le tient.

Or, textuellement, Rémi m’a répondu : « j’en est rien à foutre ». Il devient difficile de travailler dans des conditions pareils.

Il me réponds aussi que « sur mon bulletin de salaire, c’est écrit technicien confirmé et non déménageur », alors je l’ai gentiment informé qu’il pouvait passer à l’atelier faire mon job. Il m’a répond que ce n’était pas son job non plus et que de toute manière, il en a rien à foutre parce qu’il ne fait que acte de présence et que ça l’emmerde de venir au boulot.

Il pourrit de plus en plus l’ambiance… Il rembourse les clients sans accord préalable et ne fait aucun bon de remboursement, donc j’ai des trous dans la caisse !!!!

Je lui ais dit, aussi, que j’espère tu ne regardes pas la les ventes, pour la bonne raison que si il y a un montant négatif, il demandera à le justifier et il faudra le faire… Et il m’a répondu pareil qu’avant, j’en ai rien à ….

J’étais à deux doigts de lui demandé de resté chez à partir de vendredi et que je voulais plus le voir au magasin, mais bon, je me suis retenu.

Ils sont déterminé à foutre le bordel…

Voilà.

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Nouveaux locaux (Ma faillite épisode 5)

J’ai visité il y a peu des locaux, je recontacte le propriétaire pour lui confirmer que nous les prenons. Au final j’ai deux fois moins grand mais pour 5 fois moins cher pour un mouvement de 6 km, incroyable.

Bonjour Monsieur Legrand,

Je vous confirme que nous allons prendre le local à compter du 1er juin prochain.
Nous réaliserons sur place des réparations électroniques et stockerons des composants au premier étage.

Le local sera pris au nom de la société XX.

Pourriez-vous me transmettre comme vous l’avez fait les plans du premier étage que nous puissions vérifier les dimensions, à ma connaissance je n’ai que ceux du rez-de-chaussée.

Outre cela, j’aimerais que vous puissiez voir avec Sylvain les éventuelles installations de cloisons à réaliser au rez-de-chaussée.

Je vous remercie de notre dernière rencontre, j’ai apprécié votre côté direct et simple de voir les choses, il en va de même pour nous.

Bien cordialement,

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L’engagement moralo-affectif (Ma faillite épisode 4)

Une amie m’a passé il y a quelques semaines un contrat de fournitures d’ordinateurs portables. Je dois par amitié et par soucis de bien faire les choses assurer la maintenance pendant 18 mois au moins. Ceci me conforte dans l’idée de conserver un bureau sur place. Je me permets de la prévenir avant tout le monde.

Bonjour Nathalie,

comme je le craignais je vais liquider Xxx à X.

Néanmoins pour faire face aux réparations et à la continuité du contrat que tu m’as confié, je vais ouvrir en parallèle avec le technicien un bureau de réparations électroniques.
Je te communiquerai l’adresse prochainement cela sera dans la même zone à plus ou moins 4 km.

Pour le moment tout ceci est confidentiel, je me permets juste de t’en informer à l’avance pour que tu ne soies pas surprise.
Surtout ne communique rien en interne, je dois pour agir au mieux, le faire aussi rapidement que discrètement.

Nous aurons une période entre le 1er juin et le 1er juillet ou nous ne pourrons assurer la prestation que sur rendez-vous.

Par la suite, si comme nous en avions parlé, tu peux nous resigner un contrat de maintenance cela serait top.
T’oblige à rien, en me confiant la distribution de ces ordinateurs tu m’as déjà rendu une fière chandelle.

Bises, à très vite.

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Laisser ses enfants sur le quai

Je viens certainement de vivre une des épreuves les plus tristes de ces derniers mois.

J’ai choisi – à tort – de partir le soir pour Brest plutôt que le matin. Je me suis dit que je serai plus en forme si je commence le séjour par une nuit plutôt qu’une journée d’épreuve. Je n’avais pas pensé aux enfants en ce jour de congé.

Les enfants m’ont accompagné au car (Air France) et là la séparation a viré au drame. Nous pleurions tous de nous quitter pour 5 jours et 4 nuits. Habituellement, partant le matin, je ne les vois pas car ils dorment et je pensais que le départ se ferait dans les mêmes conditions. J’avais tort et c’est peu de le dire.

Tout ceci ne fait qu’ajouter à la punition que je me prépare à vivre.

En fait, j’accepte de perdre des moments familiaux pour gagner autre chose ailleurs mais comme aujourd’hui il s’agit de perdre ailleurs, je refuse de perdre ces moments avec mes enfants. Depuis plus d’une heure la tristesse puis la colère ne m’ont pas quitté, espérons que je les transforme en énergie positive ou tout du moins en bouclier.

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L’épreuve (Ma Faillite épisode 3)

Je suis à la veille des entretiens avant les licenciements et j’angoisse un peu. 11 jours se sont écoulés entre ma décision et ces entretiens. J’ai eu le temps de cogiter.

J’ai fait le deuil de l’activité et je sais désormais que l’issue est certaine, néanmoins il me reste quelques grandes angoisses, des vertiges. Que faire des 400 m² de stock alors que nous allons devoir quitter les lieux ? Comment annoncer aux clients alors que nous aimerions continuer une partie de l’activité ? Comment ne pas affoler tous les fournisseurs ? Quel timing adopter pour tout ceci ? et le fisc et l’Urssaf même en ce mois de mai je pense qu’ils répondront rapidement à l’absence de mes paiements.

Je n’en sais rien et la faillite est un moment de grande solitude. J’ai essayé de contacter l’association SOS entrepreneurs, mais ils viennent de commencer et n’ont pas encore de relais en Bretagne. J’ai pas trouvé d’équivalents, je n’ai pas vraiment cherché non plus.

En tout cas, plus que de l’angoisse je suis débordé de renoncement, chaque geste que je fais m’ennuie. Je crois que les salariés victimes de ces syndromes sont en burn-out, fort heureusement pour moi, si l’intensité des moments est bien plus forte, je sais qu’elle a un terme et que grosso modo au 15 juillet je serai libre.

Libre de rembourser la dette, libre de travailler en double mais libre de la contrainte, de ce pieux qui me traverse le corps à chaque instant.

Quant à demain, j’aimerais leur dire (aux salariés) que leurs petites mesquineries, leurs petites mentalités les a desservis et que s’ils ne changent pas cela ne pourra que continuer à les desservir. A quoi bon leur dire, cela serait perçu comme une aigreur ou une vengeance de ma part alors qu’il n’en est rien. Même si j’ai 100 000 euros sur les bras à rembourser, je me sens soulagé.

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Quelques explications…

Une des salariés a très mal pris la nouvelle de son licenciement. Larmes, crise et revendications. Ce qui est le plus étonnant c’est qu’elle gérait la société, donc qu’elle connaissait la situation. Je me fends donc d’un email explicatif pour qu’elle imprime – il n’y a pas d’autres mots – la situation.

Chère Xx,

Je comprends bien la déception qui est la tienne actuellement, il n’y a rien de personnel à ma décision la réalité économique s’impose à tous.

Nous avons perdu le contrat DNCS pour une raison que j’ignore, nous avons perdu IXEA également.

La facturation aux clients professionnels a disparu, 1500-1800 euros sur les derniers mois.

La société creuse donc une nouvelle fois le trou de la dette pour faire face aux charges fixes.

J’ai fait un rapide calcul et on arrive au bas mot à 110 000 euros de dettes, banque comprise.

Malheureusement je ne suis pas un fond d’investissement et je n’ai plus d’argent à remettre au pot, je suis donc dans l’obligation de licencier.

Je pense qu’on s’est battu pendant près de 5 ans, 5 années durant lesquelles on a cherché de l’argent, jonglé en permanence avec la trésorerie. Je n’ai pas touché un seul euro de cette affaire alors que j’y ai consacré à la fois du temps et de l’argent, le compte courant de la société c’était mes économies. Mes économies je les ai faites de petits boulots et de stages, la vie ne m’a pas fait de cadeaux.

Peu de personnes auraient acceptées de perdre toutes leurs économies sans gagner un euro.

Ce n’est plus l’amour du risque mais de la folie.

Maintenant, si la banque me tombe dessus elle va me demander de rembourser environ 90 000 euros, que bien entendu je n’ai pas. Si je n’arrive pas à trouver un arrangement avec elle, je devrai retourner avec mes deux enfants sous le bras chez mes parents. La vie de salarié est bien plus protectrice que pour les patrons.

Biensûr, j’aurais préféré que l’on puisse attendre ton retour voir comment les choses repartaient mais le timing joue contre nous.

Personnellement, j’en ai marre de me retrouver au tribunal face au RSI, de me faire harceler par les huissiers et autres courriers de relance.

Je suis une personne pour qui c’est également dur de dormir la nuit. Je suis ailleurs quand mes enfants ou ma femme me parlent, perdu dans les soucis brestois. J’en ai donc assez de la situation. La société ne changera pas, le secteur économique a changé, la distribution se passe autrement.

J’espère que tu auras pu comprendre mon propos et mes motivations.

A la semaine prochaine.

 

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Des réactions contrastées (Ma Faillite épisode 2)

Alors que je viens de prononcer dans la douleur les licenciements on se rend alors compte de la nature des personnes. Ceux qui quittent le navire, ceux qui sont solidaires. Les attitudes sont presque souvent les plus imprévisibles.

Par téléphone, le plus âgé des salariés -56 ans- m’a dit qu’au regard de la dette de la société, la situation était plus inquiétante pour moi que pour lui. J’en suis touché même si je suis sûr que je mettrai moins de temps à rembourser les 110 000 euros à la banque que lui à retrouver un job, vu son âge, la situation économique et sa localisation géographique. Cela me sert le cœur de l’entendre.

A contrario, je reçois un email d’une furie alors que son congé maternité vient juste de se terminer. Email que voici :

Bonjour,

En vu de tous les congés payés et heures supplémentaires qu’il me reste à prendre, je pense ne pas revenir du tout au magasin.

En effet entre les congés qu’il me reste de l’année soit 19 jours et ceux cumulés pour l’année prochaine soit 25 jours, j’ai donc 44 jours au total de congés à prendre.

  44 jours au total
– 4 jours pris cette semaine
  40 jours restant.

Plus 66 heures de récupération des heures supplémentaire que je pose les 2 prochaines semaines, du 07/05 au 12/05 et du 14/05 au 19/05.
31 heures prises par semaine soit 62 heures en tout. Il me restera donc 4 heures à poser.
Attention durant ces 2 semaines, je suis considéré étant au travail, je dois donc avoir les prime de repas.

De plus j’attend rapidement un virement ou un chèque pour les indemnités non payées pendant mon absence soit 750€ (décembre, mars, avril).

Au revoir.

Que répondre à cela ? Rien, et c’est à peu de choses près ce qu’elle aura également car la société aura déposé le bilan avant qu’elle ne puisse réclamer. Pour elle, je n’ai aucun regret.

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9 faillites, 4 salariés (Ma Faillite épisode 1)

Le droit social m’interdit d’annoncer quoique ce soit concernant d’éventuels licenciements économiques, avant que les personnes concernées n’aient été averties par courrier avec accusé de réception. Bref, mettre fin à une relation de travail et de confiance par lettre avec AR c’est comme demander le divorce par SMS. C’est contre ma personnalité et ma façon de voir les choses.

Je décide donc de le faire de vive voix en audio conférence, ne pouvant me rendre sur place. J’ai conscience que je marche sur des œufs au regard de la législation. Il aurait été idiot pour moi de faire un écrit qui – pour un salarié mal intentionné – aurait pu constituer un vice de procédure. On se demande où est le vice parfois.

Je suis très tendu à l’idée de leur annoncer. Plusieurs heures et une nuit d’attente et je me décide à le faire, même si deux des salariés ne sont pas là. L’une encore en congé maternité, l’autre à un enterrement – ce détails m’a un peu plus enfoncé -.

Finalement après 20mns de conférence, il en ressort un soulagement. Les salariés sentent que les choses ne vont pas bien, ont envie d’en finir également. Ils sont compréhensifs et me plaignent, à mon grand étonnement. Ils m’avouent qu’ils feront autre chose qu’ils ont déjà connu cela. En effet, ces salariés abonnés aux petites PME ont tous déjà connu des faillites et même plusieurs pour la plupart d’entre eux. 9 faillites pour seulement 4 salariés.

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Ma Faillite épisode 0

Je vais essayé de suivre chaque jour les étapes de la faillite, celle-ci étant de l’ordre du quasi certain désormais.

Pour l’heure, aucune démarche n’a encore été faite auprès du greffe. J’ai commencé la procédure de licenciement des salariés, pour 3 sur 4 d’entre eux. Il y a déjà un laps de temps de 10 jours entre le moment où j’ai pris la décision et le moment où celle-ci rentre dans les actes. Le temps de recevoir la convocation à l’entretien, puis le licenciement…. J’ai décidé le 29 avril, le licenciement sera signifié le 17 mai, le salarié quittera la société au 15 juillet.

J’ai également procédé au transfert du siège vers Paris afin de m’éviter des allers retours de 1300 km à chaque fois que je dois signer un papier.

Je cherche surtout à ne pas affoler les fournisseurs et les clients, continuer à encaisser et ne pas me prendre les huissiers des fournisseurs dès le premier jour. Cela se prépare, se planifie au jour près. J’ai encore une piste pour revendre le stock, je veux être en position sinon de force, du moins normale pour négocier. Dans l’hypothèse favorable ou j’arrive à vendre, je peux encore avoir le choix de l’attribution de la somme, en clair j’ai jusqu’au 15 juin.

Personnellement, je trouve que l’attente de la prise de décision est bien plus angoissante que la décision elle-même. Le plus dur pour moi n’est finalement pas de renoncer à quelque chose mais plutôt de ne pas commettre une erreur de choix. La faillite est au confluant du droit social, bancaire, fiscal. C’est extrêmement dur d’agir dans une voie favorable sachant que tous les coups sont des coups à plusieurs bandes et que bon nombre d’entre eux ont un effet boomerang.

A défaut de savoir ou de connaître, j’essaie d’affronter la situation sans me dérober. L’espoir au fond de moi, qu’ainsi je pourrais avoir un peu la main sur les choses et que le destin me sourira.

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Et mes espoirs s’envolent

J’avais deux plans pour essayer de revendre une partie du stock, il ne m’en reste plus qu’un.

Bonjour Monsieur Xx,

Je vous confirme ce que je vous ai indiqué au téléphone.

Je me focalise sur une autre affaire.

Très cordialement

Jean T.

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